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Rouletabille chez le Tsar

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gaieté et dynamite -barinia, le jeune étranger est arrivé.
-où l'as-tu mis ?
-oh ! Il est resté dans la loge.
-je t'avais dit de le conduire dans le petit salon de Natacha : tu ne m'as donc pas compris, Ermolaï ?
-excusez-moi, barinia, mais le jeune étranger, lorsque j'ai voulu le fouiller, m'a envoyé un solide coup de pied dans le ventre.
-lui as-tu dit que tout le monde était fouillé avant d'entrer dans la propriété, que c'était l'ordre, et que ma mère elle-même s'y soumettait ?
-je lui ai dit tout cela, barinia, et je lui ai parlé de la mère de madame.
-qu'est-ce qu'il t'a répondu ?
-qu'il n'était pas la mère de madame. Il était comme enragé.
-eh bien, fais-le entrer sans le fouiller.
-le pristaff ne sera pas content.
-je commande.
Ermolaï s'inclina et descendit dans le jardin. La barinia quitta la véranda où elle venait d'avoir cette conversation avec le vieil intendant du général Trébassof, son mari, et rentra dans la salle à manger de sa datcha des îles où le joyeux conseiller d'empire Ivan Pétrovitch racontait aux convives amusés sa dernière farce de chez Cubat. Il y avait là bruyante compagnie et le moins gai n'était pas le général qui allongeait sur un fauteuil une jambe dont il n'avait pas encore la libre disposition depuis l'avant-dernier attentat si fatal à son vieux cocher et à ses deux chevaux pie. La bonne farce du toujours aimable Ivan Pétrovitch (un remuant petit vieillard au crâne nu comme un oeuf) datait de la veille. Après s'être-comme il disait-" récuré la bouche " (car ces messieurs n'ignorent rien de notre belle langue française qu'ils parlent comme la leur, et dont ils usent volontiers entre eux pour n'être point compris des domestiques), après s'être récuré la bouche d'un grand verre de " mousseux pétillant vin de France " , il s'esclaffait : -on a bien ri, Féodor Féodorovitch : on avait fait chanter les choeurs, à la barque, et puis, les bohémiennes parties avec leur musique, on était descendu sur la rive pour se dégourdir les jambes et se nettoyer le visage dans le frais petit jour, quand une sotnia de cosaques de la garde vint à passer. Je connaissais l'officier qui la commandait et je l'invitai à venir trinquer à la santé de l'empereur chez Cubat. Cet officier est un homme, Féodor Féodorovitch, qui connaît bien les marques depuis sa plus tendre enfance et qui peut se vanter de n'avoir jamais avalé un verre de vin de Crimée. Au seul nom de champagne, il crie : vive l'empereur ! Un vrai patriote. Il a accepté. Et nous voilà partis, gais comme des enfants au coeur léger qui se rappellent des histoires de l'école. Toute la sotnia suivait, puis toute la bande des soupeurs qui jouaient du mirliton et les isvotchiks par derrière, à la file : une vraie sainte procession ! Devant Cubat, j'ai honte de laisser les compagnons officiers de mon ami à la porte. Je les invite. Ils acceptent naturellement.


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Publisher: eBooksLib

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  • ISBN: 9781412193023
  • Release date: August 28, 2009

EPUB ebook

  • ISBN: 9781412193023
  • File size: 378 KB
  • Release date: August 28, 2009

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French

gaieté et dynamite -barinia, le jeune étranger est arrivé.
-où l'as-tu mis ?
-oh ! Il est resté dans la loge.
-je t'avais dit de le conduire dans le petit salon de Natacha : tu ne m'as donc pas compris, Ermolaï ?
-excusez-moi, barinia, mais le jeune étranger, lorsque j'ai voulu le fouiller, m'a envoyé un solide coup de pied dans le ventre.
-lui as-tu dit que tout le monde était fouillé avant d'entrer dans la propriété, que c'était l'ordre, et que ma mère elle-même s'y soumettait ?
-je lui ai dit tout cela, barinia, et je lui ai parlé de la mère de madame.
-qu'est-ce qu'il t'a répondu ?
-qu'il n'était pas la mère de madame. Il était comme enragé.
-eh bien, fais-le entrer sans le fouiller.
-le pristaff ne sera pas content.
-je commande.
Ermolaï s'inclina et descendit dans le jardin. La barinia quitta la véranda où elle venait d'avoir cette conversation avec le vieil intendant du général Trébassof, son mari, et rentra dans la salle à manger de sa datcha des îles où le joyeux conseiller d'empire Ivan Pétrovitch racontait aux convives amusés sa dernière farce de chez Cubat. Il y avait là bruyante compagnie et le moins gai n'était pas le général qui allongeait sur un fauteuil une jambe dont il n'avait pas encore la libre disposition depuis l'avant-dernier attentat si fatal à son vieux cocher et à ses deux chevaux pie. La bonne farce du toujours aimable Ivan Pétrovitch (un remuant petit vieillard au crâne nu comme un oeuf) datait de la veille. Après s'être-comme il disait-" récuré la bouche " (car ces messieurs n'ignorent rien de notre belle langue française qu'ils parlent comme la leur, et dont ils usent volontiers entre eux pour n'être point compris des domestiques), après s'être récuré la bouche d'un grand verre de " mousseux pétillant vin de France " , il s'esclaffait : -on a bien ri, Féodor Féodorovitch : on avait fait chanter les choeurs, à la barque, et puis, les bohémiennes parties avec leur musique, on était descendu sur la rive pour se dégourdir les jambes et se nettoyer le visage dans le frais petit jour, quand une sotnia de cosaques de la garde vint à passer. Je connaissais l'officier qui la commandait et je l'invitai à venir trinquer à la santé de l'empereur chez Cubat. Cet officier est un homme, Féodor Féodorovitch, qui connaît bien les marques depuis sa plus tendre enfance et qui peut se vanter de n'avoir jamais avalé un verre de vin de Crimée. Au seul nom de champagne, il crie : vive l'empereur ! Un vrai patriote. Il a accepté. Et nous voilà partis, gais comme des enfants au coeur léger qui se rappellent des histoires de l'école. Toute la sotnia suivait, puis toute la bande des soupeurs qui jouaient du mirliton et les isvotchiks par derrière, à la file : une vraie sainte procession ! Devant Cubat, j'ai honte de laisser les compagnons officiers de mon ami à la porte. Je les invite. Ils acceptent naturellement.


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